L’approche constructiviste

Tout écart de comportement offre l’opportunité d’établir une situation d’apprentissage.

L’approche constructiviste a été développée, entre autres, par Jean Piaget, l’un des piliers de la psychologie du développement et de l’apprentissage. Son application consiste à établir la raison qui engendre le mauvais comportement, enseigner les conséquences de ce comportement, puis trouver une solution. En karaté gymnique, un mauvais comportement ne doit jamais être perçu comme une mauvaise intention, mais plutôt comme un moyen d’exprimer un inconfort. Cet inconfort peut être généré par un malentendu, par la peur et par l’échec de satisfaire un besoin.

En procédant par questionnement, l’instructeur de karaté pourra alors desceller la raison du comportement non désiré, pour être en mesure corrigée la situation.

Par exemple, un jeune karatéka peut utiliser un langage non approprié dans l’optique d’amuser ses amis. L’erreur ici serait de percevoir ce comportement comme étant un affront, un manque de respect envers l’enseignant. L’enfant ne fait que démontrer son besoin d’être accepté par ses amis en utilisant l’humour. Il faut considérer que le jeune pratiquant du karaté qui utilise le mauvais langage comme vecteur n’est pas nécessairement conscient de toutes les conséquences engendrées par ce choix. Une discussion avec l’enfant afin d’éclairer celui-ci des conséquences sur le climat d’apprentissage, la contagion d’un mauvais langage et la perception de l’interlocuteur, serait indiquée pour favoriser l’apprentissage de ce dernier envers son propre comportement. Une fois que la raison du mauvais comportement est descellée, puis que les conséquences directes et indirectes ont été communiquées à l’enfant, il ne reste qu’à trouver une solution permettant au jeune karatéka de satisfaire son besoin. Rappelons-nous que dans ce cas-ci, le besoin est l’acceptation par ses amis. La solution que j’aime utiliser consiste à faire comprendre que l’humour est effectivement un moyen puissant pour se faire accepter, mais peut être à double tranchant dans le cas d’une mauvaise blague. Ainsi, je propose un autre moyen encore plus puissant. Il s’agit de la performance.

Générer une admiration chez ses amis sera profondément plus satisfaisant que de générer quelques rires au détriment de son apprentissage.

Une activité d’apprentissage peut être utilisée afin de permettre à l’enfant de réussir son mouvement, puis se faire féliciter par ses amis. Ceci pourrait créer une réaction en chaine où  l’enfant investira davantage son énergie à réussir ses mouvements, par le fait même, améliorant ses performances.  De cette façon, nous changeons un mauvais comportement nuisible au reste du groupe en comportement désirable et  bénéfique pour le reste du groupe, car la performance attire la performance.

Les bénéfices de l’approche constructiviste

L’intelligence émotionnelle

Discuter avec l’enfant au sujet des raisons de son mauvais comportement déclenchera un cheminement sur lui-même, favorisant son introspection. L’introspection est fondamentale à l’intelligence émotionnelle.

Les enfants ayant développé de l’introspection ont davantage de chance de développer l’empathie. De plus, communiquer les conséquences du mauvais comportement permettra d’éclairer le jeune karatéka sur la perception des autres élèves du groupe, ainsi que de leurs besoins. Reconnaitre les besoins d’autrui, ainsi que les émotions d’autrui sont primordiales à toutes relations sociales. Il est bien connu que les arts martiaux (karaté, taekwondo, judo, jiu-jitsu, kung-fu)  tendent à favoriser un épanouissement personnel. Or, rien n’est magique! Pour établir un climat épanouissant, il faut favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle.

L’imitation

Il est bien connu que les enfants et les adolescents ont tendance à imiter leurs modèles adultes. Il n’est également pas rare que l’enseignant du cours de karaté se retrouve parmi ces modèles. Un enseignant en arts martiaux qui gère intelligemment les conflits transmettra vraisemblablement cette habileté à ses élèves.

Une communication claire, un langage approprié, la clarification des concepts et un bon contrôle des émotions sont tous des outils pouvant être transmis par un modèle, puis utilisés pour gérer les conflits sociaux.

Plaisir et performance

Il est fort probable que le jeune karatéka éprouve davantage de plaisir face à une solution concrète à son problème, versus une punition (renforcement négatif). Un enfant qui vient d’être puni, pourrait ruminer des mauvaises pensées jusqu’à la fin du cours ou même se désintéresser de ce que l’enseignant/bourreau pourrait lui transmettre, ainsi nuire à son apprentissage. Les concepts de plaisir et de performance sont intimement liés, l’un favorisant l’autre.

Un jeune karatéka qui vit du plaisir dans la pratique du karaté aura davantage de chance d’améliorer ses performances. Également, le jeune karatéka performant aura davantage de chance d’éprouver du plaisir, car la performance favorise la confiance en soi et l’estime de soi.

Dans le cas du karaté gymnique, plus l’enfant est performant, plus il est amené à réaliser des mouvements complexes vraiment plaisants.

 

Yan Carrier B. Sc.

Certifié entraîneur d’athlète de haut niveau

Coordonnés :

INNOVATION ARTS MARTIAUX

cours d’ autodéfense tactique et de karaté gymnique

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